Dans cette dernière partie, nous allons finaliser notre labo virtuel :
Intégration des VM dans le réseau interne virtuel LAN
Configuration de base de pfSense
Dans un premier temps il faut bien sûr veiller à ce que les trois machines soient démarrées.
Sur la console de la VM pfSense on voit que l’interface WAN connectée en NAT a obtenu par DHCP une adresse IPv4 fournie par VirtualBox, et que l’adresse IP sur la « patte » LAN est 192.168.1.1/24 :
La VM Debian GUI est connectée en NAT, son interface réseau a donc elle aussi obtenu par DHCP une adresse IPv4 depuis VirtualBox. On peut démarrer un terminal, et vérifier l’IP obtenue :
$ ip -c a
Cette commande nous donne (en couleur grâce à l’option -c) les adresses IP de chaque interface réseau du système.
Connexion de DebianGUI au réseau LAN
Cette opération peut se faire « sous tension », comme on le ferait avec une machine réelle, en reconnectant le câble réseau. Depuis la configuration de la VM, on connecte l’interface réseau au réseau interne LAN :
Il faut maintenant renouveler le bail DHCP de la VM GUI, en deux temps. D’abord on redémarre le service réseau :
$ sudo systemctl restart networking
Puis on demande un nouveau bail :
$ sudo dhclient
NB : on aurait pu aussi simplement redémarrer la VM.
Désormais notre DebianGUI est sur le réseau LAN et a obtenu une IPv4 depuis pfSense.
Configuration de pfSense par WebAdmin
On peut maintenant utiliser le navigateur WEB pour procéder à la configuration initiale de pfSense, à l’adresse https://192.168.1.1 :
Comme nous utilisons une IP privée locale comme adresse source HTTP, on a bien sûr l’avertissement habituel sur les risques d’un certificat auto-signé. Nous acceptons ce « risque », et nous voilà sur la page de connexion à pfSense :
L’assistant d’installation initiale (Wizard)
Au premier lancement, le « wizard » de configuration apparaît (il est également possible de l’appeler plus tard depuis le menu system) :
Nous allons donc procéder à la configuration initiale élémentaire de pfSense, qui sera notamment très permissive au niveau du pare-feu (par défaut).
Le bouton « next » nous amène à la suite :
Netgate, l’éditeur, propose de considérer la souscription au support avancé pour pfSense. On laisse ensuite le hostname et le domaine proposés, et on fixe les serveurs DNS que nous souhaitons utiliser :
Attention, selon votre environnement, il est possible que ces DNS vous soient imposés ; il convient de saisir ici les valeurs adéquates. Par défaut, nous pouvons prendre les DNS de CloudFlare (1.1.1.1 et 1.0.0.1). Il faut décocher l’option « override » pour que nos choix DNS ne soient pas remplacés par ceux fournis par le WAN (par DHCP).
On définit ensuite le serveur NTP principal que va utiliser pfSense, ainsi que la timezone de notre système. On prend ici des réglages adaptés à la France.
L’étape suivante concerne le paramétrage de l’interface WAN ; celle-ci utilise DHCP pour sa configuration.
Sur cette page on veillera aussi à désactiver le blocage des flux RFC1918 (plages d’adresses IP privées) arrivant sur le WAN ; en effet ce genre de situation peut se produire, et d’ailleurs dans le cas présent l’interface WAN est sur un réseau privé.
On peut également débloquer les réseaux Bogon notamment si on est amené à utiliser des plages IP réservées à des usages de test (comme celles de la RFC5737), ou plus généralement si on veut lever toute restriction initiale sur le pare-feu.
L’étape suivante consiste à renseigner (confirmer) l’adresse IP de pfSense sur le réseau LAN. Laissons ce réglage intact :
Enfin, il convient de personnaliser le mot de passe associé à l’utilisateur admin. En réalité, les bonnes pratiques de sécurité obligent même à désactiver ce compte et à en créer un autre ; nous ferons cela un peu plus loin. Pour le moment, limitons-nous à modifier ce mot de passe.
Il ne reste plus qu’à recharger le système avec cette nouvelle configuration.
Et voilà ! le système est (presque) configuré, on clique sur « finish ».
L’affichage de ce « placard » informatif est notamment le signe que le système accède à Internet. On est invité à accepter les conditions, puis encore une invitation à participer à l’amélioration du système, et on arrive sur le dashboard par défaut :
Personnalisation du tableau de bord
Le tableau de bord peut afficher des informations plus pertinentes que les informations relatives à Netgate (dont vous pouvez prendre connaissance malgré tout !).
Utiliser les croix en haut à droite de chaque élément du dashboard, puis l’option + pour en ajouter, comme celui qui permet de visualiser l’état des passerelles (gateways) ou l’activité sur les interfaces (traffic graph) :
Voici un dashboard plus informatif. Il est possible de déplacer les éléments, il ne faut pas oublier alors d’enregistrer cette disposition avec l’icône « disquette » en haut à droite.
Configuration complémentaire
Il convient de réaliser quelques opérations supplémentaires pour finaliser la configuration initiale.
Activer le chiffrement matériel avec AES-NI
La plupart des CPU actuels disposent d’un jeu d’instructions AES-NI pour le chiffrement symétrique, lequel est notamment utilisé lors de connexions VPN. Par principe, on l’active d’emblée sur une nouvelle instance pfSense. On vérifie d’abord que l’option est disponible, depuis le dashboard > system information > CPU Type > AES-NI > Yes (inactive)
Si c’est “Yes” (comme sur la capture ci-dessus), on l’active :
Menu system > advanced > Miscellaneous > Cryptographic & thermal sensor :
On active AES-NI, et on clique sur « save » en bas de page.
Désormais, la mention « active » est présente sur le dashboard dans la section CPU > AES-NI.
Désactivation de l’admin par défaut
On va créer un utilisateur administrateur et désactiver le compte admin par défaut. Menu system > user manager > users > add :
Créer l’utilisateur (username et mot de passe au moins) et l’ajouter au groupe admins :
Puis sauvegarder.
Se déconnecter de l’admin actuel (icone en haut à droite de la page), puis se reconnecter avec ce nouvel utilisateur.
Désactiver maintenant l’utilisateur admin standard :
Sauvegarder.
Désactivation d’IPv6 sur le WAN
Notre interface WAN ne dispose que d’une IPv4 ; pour plus de clarté, on va désactiver la gestion de l’IPv6 sur cette interface.
Menu interfaces > WAN
Sauvegarder et appliquer les changements.
Désactivation du DNS resolver
De nombreux services sont activés sur pfSense pour assurer la gestion du réseau (DHCP, NTP, DNS, FIREWALL, …). Pour alléger le fonctionnement du DNS, qui est la source de bien des soucis (« it’s always DNS ! »), on va désactiver le serveur DNS intégré (résolveur). Les requêtes DNS seront gérées directement par les serveurs externes prédéfinis plus haut.
Menu Services > DNS resolver
Sauvegarder et appliquer les changements.
Tout ceci n’est peut-être pas exhaustif ou parfait, mais c’est basé sur l’expérience, et le fait qu’on soit sur un labo. Par exemple, sur un pfSense en production, on pourra notamment protéger le menu de la console par un mot de passe (menu system > advanced > admin access) :
Afin de propager les réglages DNS notamment, il convient de redémarrer la VM Debian_GUI
Connexion de Debian serveur dans le LAN
Il faut également redémarrer la Debian Core, après l’avoir elle aussi reconnectée sur le réseau interne LAN.
Contrôle final
Maintenant, les machines accèdent à internet via pfSense.
On récupère l’IP de la VM Debian Core avec la commande ip -c a ; ici 192.168.1.104. On peut constater qu’elle est joignable depuis la machine GUI :
L’adresse IP de DebianGUI est 192.168.1.103 ; les ping vers 192.168.1.104 fonctionnent.
Tout est en place ! Notre labo est fin prêt pour ses premières expériences. Je vous recommande de faire un cliché instantané (snapshot) de chacune des VM à ce stade.
Nous allons créer une VM dotée du système d’exploitation GNU/Linux, selon la distribution assez universelle Debian, dans un mode minimal (ou « core »). Cette configuration est idéale pour déployer un serveur basé sur GNU/Linux.
Image ISO d’installation
Il faut tout d’abord récupérer l’image ISO d’installation de Debian, dernière version, pour architecture x64. On prend la version minimale « net install » : les compléments seront téléchargés lors de l’installation (une connexion à Internet est nécessaire).
Le nom du fichier ISO est de cette forme : debian-12.5.0-amd64-netinst.iso
On trouve cette image à l’emplacement suivant (en bas de page) :
Vérification de l’image téléchargée (option recommandée)
Sur le site indiqué, on peut aussi récupérer les hash SHA256 des images, afin de contrôler l’intégrité du fichier téléchargé. Le fichier des hash est SHA256SUMS :
Vérification sous Windows avec l’utilitaire hashcheck (ajoute un onglet « Hachages » sur les propriétés du fichier) :
Création et configuration de la VM
Depuis VirtualBox, taper CTRL+N (ou menu Machine / Nouvelle), puis choisir le « mode expert » ; attention à bien cocher l’option « skip Unattended Installation ». En effet, on souhaite maîtriser complètement le processus d’installation :
On affecte 1024 MO de RAM et un cœur de CPU. On utilise ici un BIOS standard (legacy) et non EFI, mais c’est juste par habitude, car Debian supporte le mode EFI :
Et on crée un nouveau disque VDI de 20 Gio :
On clique « finish » : la machine est créée.
Configuration de la VM
Cliquer sur Configuration, on obtient la page des paramètres de la VM :
Dans la rubrique « Système », choisir une souris PS/2, ceci permettra plus loin de pouvoir désactiver les contrôleurs USB :
On désactive le matériel audio, inutile dans notre cas :
Notre VM devra au final être connectée sur le LAN, mais pfSense n’a pas encore été configuré, on va donc utiliser pour le moment une connexion de type « NAT » afin qu’elle accède à Internet :
On retire l’USB inutile :
La machine est prête. On clique OK, puis on la lance :
Installation de Debian core
Pour la phase d’installation on peut utiliser le mode graphique qui est plus confortable ; voici quelques-unes des étapes importantes :
Valider plusieurs fois de suite les options linguistiques (France)
La détection automatique des paramètres réseau doit se passer sans encombre si la machine est bien connectée à Internet.
Définir le hostname (nom de la machine). On peut utiliser simplement debian :
Domaine : on laisse vide
Mot de passe pour le super-utilisateur root (par exemple simplement « root » car il s’agit de tests uniquement. En production, il faudra quelque chose de plus élaboré : au moins 12 caractères (minuscules, majuscules, chiffres et caractères spéciaux)
Il est également possible de ne pas saisir de mot de passe pour l’utilisateur root, auquel cas ce compte sera désactivé, et le compte utilisateur défini ensuite aura des droits « d’élévation » (sudoer) pour accéder aux privilèges de root. Ceci peut être utile en mode production, mais pour notre cas, nous activons le compte root :
On déclare aussi un utilisateur standard (remplacer bien sûr pascal par vos propres prénom et nom) :
Le système propose alors un login (identifiant) ; là aussi utiliser quelque chose qui vous est propre (prénom), mais attention, les caractères utilisables sont limités :
Et mot de passe (idem, rester simple pour les tests) :
Pour le partitionnement et le formatage du disque, on conserve les propositions par défaut :
Assisté – utiliser un disque entier
Tout dans une seule partition
Attention ici l’option proposée par défaut sera « Non », car cette action efface le disque concerné ; il faut donc choisir « Oui » :
L’installation du système de base commence…
Pas d’autre CD ou DVD supports d’installation, le reste se fera en ligne, via un site de dépôt :
Choix d’un miroir (site de téléchargement des paquets Debian) :
Pas de proxy (sauf cas très particulier lié à votre environnement) :
L’installateur configure le gestionnaire de paquets, puis propose de participer aux statistiques d’utilisation des paquets :
Au libre choix de chacun de participer à ces statistiques, consultables sur https://popcon.debian.org
Puis l’installateur propose d’installer des paquets complémentaires, on désélectionne tout (en effet, on veut l’environnement le plus léger possible) :
Puis enfin, l’installation de GRUB (cette étape n’existe pas si on a choisi l’option EFI) :
L’installation est terminée :
En cliquant sur « continuer », la VM redémarre.
La machine est en mode console, et invite à entrer un login. On se logue en root :
puis on vérifie qu’une IP a bien été attribuée (DHCP) :
# ip -c a
On peut aussi vérifier la connectivité à Internet et la résolution de nom DNS :
# ping 1.1.1.1
# ping debian.org
On lance ensuite les mises à jour :
# apt update
# apt upgrade
Puis on éteint la VM :
# poweroff
Il reste à supprimer le lecteur optique du système ainsi que son contrôleur, devenus inutiles :
Sauvegarde de l’état de la VM
Puis enfin, prendre un instantané (snapshot) de la machine dans cet état initial, pour pouvoir y revenir ensuite, ou réaliser des clones :
Et voilà notre VM terminée ! J’espère que tout s’est passé sans problème pour vous.
Ce genre de machine Debian « core » est la base idéale pour déployer des services : serveurs de base de données, serveur HTTP, Docker, …
Nous utiliserons cette référence pour nos prochaines expériences.
La prochaine étape : cloner cette Debian basique, et lui apporter un environnement du bureau ultra-léger (XFCE4), afin de disposer dans notre labo d’une machine de type « client ». Son rôle sera de nous offrir un environnement graphique (GUI) pour pouvoir administrer « confortablement » à distance les machines de type « serveur », tout en mobilisant le moins de ressources possibles (empreinte légère).
Cette machine virtuelle pfSense va être le pivot et le cœur du réseau de notre environnement. On s’arrête ici à son installation ; dans des tutos ultérieurs nous pourrons découvrir toutes les fonctionnalités de cette distribution reconnue et spécialisée dans la gestion et la protection des réseaux.
Image ISO d’installation
Première chose, il faut récupérer l’image ISO d’installation de pfSense CE (Community Edition), dernière version, pour architecture x64 (AMD64).
NB : Il ne faut pas choisir l’image pour clé USB dont le fonctionnement est différent ; on pourra en revanche utiliser ce format pour un déploiement sur une machine physique notamment.
Edit 16/05/2024 : Netgate semble proposer désormais de télécharger un installateur universel pfSense. J’ai essayé, ça n’a pas fonctionné (pendant l’installation, validation impossible). En attendant du nouveau, il est toujours possible de récupérer les installateurs classiques (offline) sur ces deux miroirs :
L’image récupérée est pfSense-CE-2.7.2-RELEASE-amd64.iso.gz Il est recommandé de vérifier la signature SHA256 de l’image, à l’aide d’un outil comme hashcheckpar exemple :
Cette image est compressée au format gzip (.gz), il faut un outil tel que 7zip pour en extraire le fichier image ISO final :
Création et configuration de la VM
Depuis VirtualBox, taper CTRL+N (ou menu Machine / Nouvelle), nommer la VM pfSense et choisir le type FreeBSD x64 (pfSense est en effet une distribution de FreeBSD) ; on utilise ici le mode Expert pour la configuration :
On lui octroie ensuite dans les onglets « hardware » et « Hard Disk » ce qui doit correspondre aux propositions par défaut :
1024 Mio de RAM,
1 cœur CPU
Un disque dur (type VDI) dynamiquement alloué de 16 Gio.
On ne choisit pas l’option EFI (même si celle-ci est supportée par pfSense)
Un petit clic sur « Finish » et notre machine est maintenant créée, nous allons finalier la configuration, puis lancer l’installation.
Configuration de la VM
Cliquer sur le bouton « Configuration » pour faire apparaître les paramètres de la VM. On désactive les ressources audios parfaitement inutiles :
Les ports série et USB doivent être désactivés, car ils ne sont pas plus utiles pour notre cas :
Configuration de l’interface réseau WAN
Dans la rubrique « réseau », nous allons configurer deux interfaces. Une première correspond à la partie WAN de pfSense, l’accès à Internet, que l’on obtient par pontage (bridge) d’une interface existante sur la machine hôte, soit par le mode « NAT » proposé par VirtualBox, qui permet d’ajouter une isolation supplémentaire par rapport au réseau réel.
Si l’on souhaite par la suite rendre le pfSense « visible » sur Internet, il est préférable de choisir le mode bridge. Dans ce mode, il faudra sélectionner l’interface physique associée (et on préfèrera une interface filaire plutôt que Wi-Fi).
Le mode NAT permet quant à lui d’accéder à Internet sur des machines hôtes qui sont sur un réseau assez sécurisé : en effet, le pare-feu en amont ne voit que notre machine hôte, qui « partage sa connexion » avec la VM.
Ici, nous allons utiliser le mode NAT, qui permet en plus de ne pas avoir à choisir l’interface physique parente. Il est toujours possible bien sûr de modifier ensuite pour utiliser le mode pont (bridge) :
L’interface 1 de la VM est connectée en mode NAT. Avec VirtualBox, on ne dispose que de quatre interfaces réseau maximum.
Configuration de l’interface LAN
La seconde interface réseau correspond au côté LAN de pfSense ; on l’associe à un réseau virtuel interne (qu’on appellera donc LAN) sur lequel nous pourrons connecter nos autres équipements virtuels. Notons qu’il est possible ici de visualiser (et même modifier) l’adresse MAC de l’interface virtuelle ; ceci peut être très utile au moment de configurer le système qui sera installé sur la VM :
Installation de pfSense
La machine est prête, on clique sur OK, et on la démarre :
Et après la phase de démarrage sur l’image ISO d’installation, l’écran d’accueil s’affiche :
Pour notre installation plutôt standard, il suffit d’accepter les options proposées par défaut.
NB : Il n’est pas utile de configurer un clavier français lors de l’installation, car au démarrage suivant, le clavier est de nouveau en mode QWERTY (à moins que ce bug ne soit corrigé dans le futur)
Attention à bien sélectionner le disque de destination avec la barre d’espacement :
Et on confirme sans hésiter :
Attention pour la phase finale : afin d’éteindre la machine, plutôt que la redémarrer, on va utiliser le Shell pour lancer la commande « init 0 » (attention, la disposition du clavier est QWERTY) :
La VM s’éteint.
On supprime le lecteur optique devenu inutile :
On relance la VM pfSense, la console affiche toute la séquence de démarrage, jusqu’à cet écran qui affiche le menu de la console :
Affectation des interfaces
Normalement, pfSense aura automatiquement affecté chaque interface à son rôle : WAN (sur l’interface NAT) & LAN (sur l’interface en réseau interne)
En cas de problème, ou de doute, il est possible de relancer cette affectation, avec l’option 1 de la console :
Les interfaces disponibles sont identifiées par leur adresse physique MAC, et leur nom dans le système FreeBSD (em0 et em1 dans notre cas). Comme évoqué plus haut, c’est avec les adresses MAC que nous pouvons identifier chaque interface dans VirtualBox.
On ne souhaite pas mettre en place des VLAN ici, on répond : N ; puis on affecte les interfaces à leur rôle, WAN ou LAN :
Attention, le clavier est toujours en QWERTY ! et le verrouillage numérique n’est probablement pas activé par défaut.
A propos de la console pfSense
La console permet d’effectuer des opérations de base pour pfSense, notamment :
Redémarrer (5)
Arrêter (6)
Affecter les interfaces (1)
Configurer les interfaces (2)
Lancer une mise à jour du système (13)
Réinitialiser les réglages par défaut (4)
Réinitialiser le mot de passe d’administration (3)
Dans la pratique, il est recommandé de protéger l’accès à ce menu console par un mot de passe (ceci se configure depuis l’interface WEB GUI que nous verrons plus loin.)
Fonctionnement de la VM en tâche de fond
Afin que pfSense tourne en tâche de fond dans notre environnement, il peut être démarré sans affichage depuis VirtualBox :
Dès lors, la console n’est visible que depuis la prévisualisation de VirtualBox, mais il est possible de réactiver la console en cliquant sur « afficher » :
Et de la refermer depuis le menu « fichier » de la fenêtre console :
Notre VM pfSense est maintenant opérationnelle. Sa configuration initiale n’est pas réalisée, car il faut pour cela disposer d’un navigateur WEB pour accéder, par le réseau LAN, à la console WEBAdmin. Nous verrons ceci un peu plus loin, dans une section consacrée aux réglages, astuces et bonnes pratiques de sécurité avec pfSense.
La prochaine étape : construire et préparer notre machine Debian core, destinée à un usage « serveur ».
Je vous propose un guide pratique pour la mise en place d’un laboratoire systèmes & réseaux personnel, léger, virtuel et open source, basé sur VirtualBox. Cet hyperviseur de niveau 2 est une solution reconnue, fiable et maintenue pour la virtualisation de systèmes.
Ce guide se veut aussi complet, précis et universel que possible, sans trop charger de détails inutiles. Il est revérifié régulièrement au gré des mises à jour des différentes solutions utilisées.
Prérequis
Pour réaliser avec succès tous ces travaux, il faut disposer d’un ordinateur équipé au minimum d’un processeur x64 (Intel ou AMD) avec 4 cœurs physiques, 8 Gio de RAM (16 étant plus confortable), un stockage de type SSD avec au minimum 100 Gio libres et une interface réseau connectée à Internet, de préférence filaire. Sur cet ordinateur hôte, qui n’est pas dédié à ce rôle d’hyperviseur, le système d’exploitation sera probablement MS Windows 10 ou 11. On essaiera d’avoir une installation la plus « propre » possible. Pour plus d’infos à ce sujet, rendez-vous à la fin de ce premier article. VirtualBox est également disponible pour les autres OS courants (distributions GNU/Linux et Mac OS X)
Présentation du labo virtuel
Notre objectif est donc de mettre en œuvre un environnement de travail (labo) virtuel de base pour expérimenter diverses configurations systèmes & réseaux.
Il a été conçu pour demander de moins de ressources possibles, afin d’être déployé sur un PC standard à partir de solutions open source. Pour cela on va s’appuyer sur :
L’hyperviseur de niveau 2 VirtualBox
La solution pfSense® pour le cœur de réseau (interface WAN / LAN)
Debian GNU/Linux pour les systèmes (un serveur en mode console et un client en mode GUI (Interface Graphique pour l’Utilisateur).
Voici le schéma logique du labo virtuel que nous aurons mis en place à la fin de ce guide :
Versions
Elément
Version
OS hôte
Microsoft Windows 11 Professionnel Version 23H2
VirtualBox
7.0.12
pfSense
2.7.2
Debian Linux
12 (BookWorm)
XFCE
4.16
Versions des différents éléments logiciels utilisés
VirtualBox : l’hyperviseur
Téléchargement et installation
VirtualBox est un logiciel hyperviseur de niveau 2, libre et gratuit, il existe pour les environnements MS Windows, Mac OS X et GNU/Linux notamment.
Après le téléchargement propre à votre environnement, procéder à l’installation avec les options par défaut proposées.
VirtualBox Extension Pack (optionnel)
Télécharger également le pack d’extensions, qu’il faut lancer après avoir terminé l’installation de VirtualBox ; il apporte des fonctionnalités diverses qui peuvent servir dans certains cas, mais que nous n’utiliserons pas dans la suite de nos travaux.
Personnalisation de VirtualBox
Il peut être intéressant de personnaliser certains paramètres de VirtualBox en fonction de vos habitudes ou environnement. Voici deux exemples importants :
Touche « hôte »
La touche hôte permet de redonner la main à la machine hôte lorsque le clavier et/ou la souris sont « capturés » par la machine virtuelle. Par défaut c’est la touche Ctrl droite du clavier, mais si votre clavier n’a pas cette touche ou encore si vous êtes habitués au couple Ctrl + Alt de VMWare, on peut modifier ; appuyer sur Ctrl+G ou depuis le menu « fichier », cliquer sur « paramètres », puis sur l’onglet « entrée » :
Emplacement par défaut
Autre élément intéressant, l’emplacement par défaut pour enregistrer les fichiers (machines et disques virtuels) ; cette option vous permet de stocker ces fichiers qui peuvent être volumineux sur un emplacement secondaire de votre machine hôte. Il est recommandé toutefois que cet emplacement soit rapide (de type SSD notamment).
Toujours dans les paramètres :
Pourquoi préférer Oracle VirtualBox à VMWare Workstation ?
Voilà une question qui revient souvent quand il s’agit de choisir un environnement de virtualisation sur PC personnel. VirtualBox n’est pas forcément une préférence, c’est ici un choix orienté vers les solutions open source. Il y a des raisons pour préférer parfois VMWare Workstation à VirtualBox (meilleure gestion de la virtualisation imbriquée et des réseaux privés hôte, meilleure stabilité graphique, …). VirtualBox intègre en revanche des fonctionnalités de snapshot et de clonage, qui ne sont disponibles que dans les versions payantes de VMWare Workstation.
Trucs, astuces, limites et problèmes connus
Activer les fonctionnalités de virtualisation du processeur
Les processeurs actuels de la famille x86/x64, Intel ou AMD, intègre un jeu d’instructions complémentaire pour optimiser le fonctionnement de la virtualisation sur le système d’exploitation. Ces fonctionnalités s’appellent VT-x ou AMD-v et doivent être activées dans le micrologiciel du PC (BIOS / EFI). En général, elles le sont par défaut, mais il convient de vérifier au besoin (les hyperviseurs signalent en général assez clairement quand ces fonctions ne sont pas activées).
Activer la virtualisation imbriquée sous VirtualBox
Par défaut la virtualisation imbriquée (« nested virtualization ») n’est pas active sous VB. Si l’on souhaite réaliser une VM capable elle-même de réaliser de la virtualisation, l’option existe mais elle n’est pas accessible :
Pour l’activer, il faut utiliser la ligne de commande Windows :
> cd 'C:\Program Files\Oracle\VirtualBox'
> ./vboxmanage.exe list vms
…
"nom_de_la_VM" {xxxxxxxx-xxxx-xxxx-xxxx-xxxxxxxxxxxx}
…
> ./vboxmanage.exe modifyvm "nom_de_la_VM" --nested-hw-virt on
NB : la ligne de commande Windows n’est pas sensible à la casse, mais VirtualBox l’est : respecter la casse pour le nom de la VM.
Et ainsi, l’option « Activer VT-x/AMD-V imbriqué » est est désormais activée pour la VM :
Notons que la virtualisation imbriquée est un « montage » délicat. Depuis quelque temps, installer ProxMoxVE sous VB fonctionne, mais les VM créées sous PVE ne fonctionnent pas (c’est peut-être un bug temporaire). De même, l’installation de VMWare ESXi ne fonctionne pas, et mes derniers essais avec MS Hyper-V ont été plutôt décevants…
Les VM créées sous VirtualBox se plantent au démarrage
Après une installation réussie, certaines VM après le démarrage se plantent avec des messages d’erreur système assez « dramatiques » : kernel panic et autres. Il y a plusieurs choses à faires :
1 – désactiver les fonctionnalités de virtualisation de Windows
Tapez la touche Windows + R, puis appwiz.cpl et Entrée (ceci lance le panneau de configuration, section « programmes et fonctionnalités »)
Cliquer sur « activer ou désactiver des fonctionnalités Windows » :
Dans la liste, décocher ces fonctionnalités si elles sont actives :
hyperV
plateforme de l’hyperviseur Windows
plateforme de machine virtuelle
sous-système linux
2 – désactiver l’isolation du noyau (core isolation)
Cette fonctionnalité de sécurité Windows assez récente empêche la plupart du temps VirtualBox de fonctionner correctement.
Rechercher « isolation du noyau » dans la barre de recherche de Windows, et désactiver l’option :
Et ensuite ?
Rendez-vous maintenant au prochain article pour l’installation de la première VM de notre labo : pfSense.
Je vous propose d’expérimenter le routage IP sous Linux (Debian), grâce aux outils de la suite iproute2, afin de mieux comprendre ce mécanisme essentiel du niveau 3 de l’OSI.
Nous allons dans un premier temps installer un environnement de travail virtuel avec deux réseaux locaux « fermés » (LAN1 et LAN2) et trois machines légères : une dans chaque LAN et une avec « une patte » dans chaque réseau local.
Puis nous mettrons en œuvre un routage statique entre ces deux réseaux.
Il est recommandé de connaître le Protocole Internet (IP) et le principe du routage associé. Pour plus de clarté, nous n’utiliserons dans ces travaux que le protocole IPv4 ; le principe reste le même pour IPv6.
A propos d’iproute2
On désigne par iproute2 est une collection d’utilitaires pour la gestion des protocoles TCP, UDP, IP et la gestion du réseau sous Linux, supportant l’IPv4 et l’IPv6. La collection iproute2 est destinée à remplacer toute une suite d’outils réseau standard Unix (appelée net-tools) qui étaient anciennement utilisés pour les tâches de configuration d’interfaces réseau, tables de routage, et gestion de table ARP. La suite net-tools est dépréciée, il est recommandé de ne plus l’utiliser.
Voici quelques exemples d’outils net-tools remplacés par iproute2 :
Usage
Ancien outil net-tools
Commande iproute2
Adressage (niv. 2)
ifconfig
ip link
Adressage (niv. 3)
ifconfig
ip addr
Routage
route
ip route
Résolution d’adresses
arp
ip neigh
VLAN
vconfig
ip link
Tunnels
iptunnel
ip tunnel
Multicast
ipmaddr
ip maddr
Statistiques
netstat
ss
Source : Wikipedia
Préparation
Nous allons utiliser notre logiciel hyperviseur préféré pour créer trois machines GNU/Linux minimales :
Nom de la VM
hostname Unix
Debian A
debianA
Debian B
debianB
Debian X
debianX
Nous aurons besoin de trois machines virtuelles Debian minimales.
Pour créer ces machines, voir le tutoriel de référence dédié à cela. Les caractéristiques communes initiales de nos trois machines sont :
1 CPU
1 GB RAM
1 HDD 10 GB
1 interface réseau en mode NAT
Préparation des VM
Le PC hôte de nos VM doit être connecté à Internet afin que chaque VM soit elle-même connectée à Internet via la connexion NAT (recommandé) ; il est possible aussi d’utiliser le mode bridge (pont) sur l’interface physique connectée à Internet.
Toutes les commandes à suivre sont réalisées en mode console, connecté avec l’utilisateur root.
On vérifie la connexion à Internet, en testant la connexion à une adresse IP externe connue (ici le DNS Cloudflare) :
# ping 1.1.1.1
et à un DNS fonctionnel :
# ping debian.org
On commence par les opérations classiques de mise à jour. On met à jour la base de données du gestionnaire de paquets Debian :
# apt update
Puis on procède aux mises à jour s’il y en a :
# apt upgrade
Éventuellement un peu de ménage (dans notre cas c’est juste pour rappeler les commandes ; et encore, on pourrait aller plus loin à ce sujet) :
# apt clean
# apt autoremove
Enfin, on installe sur chaque machine les utilitaires tcpdump et traceroute :
# apt install -y tcpdump traceroute
Ces opérations sont à faire pour chaque VM ; on peut aussi le faire pour une, puis la cloner deux fois (attention à bien générer de nouvelles adresses MAC pour les interfaces réseau).
Connexion des cartes réseau aux segments LAN
Une fois les trois machines préparées, il faut les éteindre :
# poweroff
Il faut maintenant modifier le « hardware virtuel » des VM afin de créer l’infrastructure suivante (on utilise les réseaux internes de l’hyperviseur) :
Voici la configuration sous VirtualBOX de l’interface réseau de debianA connectée au réseau interne LAN1 :
Puis la configuration pour debianB qui est sur LAN2 :
La machine debianX quant à elle dispose de deux cartes réseau, une sur chaque LAN :
Enfin, nous modifions le nom de chaque machine (hostname), si besoin (notamment si vous avez procédé par clonage ; car lors de l’installation Debian, le nom de machine est demandé) :
A# echo "debianA" > /etc/hostname
NB : par convention, quand c’est utile, je fais précéder le prompt (# ou $) du nom de la machine concernée (A, B, ou X)
B# echo "debianB" > /etc/hostname
X# echo "debianX" > /etc/hostname
Est-ce suffisant pour modifier correctement le nom des machines ? Nope. Il y a un autre fichier qui contient le hostname, afin de le résoudre avec l’ip 127.0.1.1. C’est le fichier primaire de résolution DNS : /etc/hosts. Si on ne fait pas cette modification, on aura par exemple des erreurs avec la commande sudo qui affichera systématiquement :
sudo: impossible de résoudre l'hôte debianX: Nom ou service inconnu
Utilisons l’outil sed, en présumant que nous avons nommé la machine debian lors de l’installation. Pour chaque machine A, B et X :
A# sed -i 's/debian/debianA/g' /etc/hosts
B# sed -i 's/debian/debianB/g' /etc/hosts
X# sed -i 's/debian/debianX/g' /etc/hosts
Les machines doivent être redémarrées pour que le hostname soit pris en compte :
# reboot
Configuration des adresses IP
Nous utiliserons donc la suite de commandes iproute2, devenue le standard sur les systèmes GNU/Linux.
La commande ip link show (que l’on peut abréger avec ip link et même ip l), permet d’afficher les interfaces disponibles. Ajoutons l’option -c pour avoir un peu de couleur :
X# ip -c l
Grâce aux adresses MAC, on peut valider quelle interface est en lien avec quel réseau. Ici, eth0 (adresse MAC 08:00:27:83:7C:BB) est clairement la carte qui est connectée au LAN1, selon le repérage effectué juste avant.
La carte eth1 est DOWN, car elle a été ajoutée après l’installation, donc non préconfigurée, et elle n’est pas encore configurée dans le système.
Nous pouvons attribuer l’adresse IPv4 192.168.10.1/24 à la machine A sur son interface eth0 (si c’est son nom ; avec vmware workstation par exemple, elle aurait pu s’appeler ens32) :
A# ip addr add 192.168.10.1/24 dev eth0
A# ip -c a
Cependant, cette configuration ne sera pas persistante au prochain redémarrage du système.
Pour ce faire, il faut modifier le fichier de configuration des interfaces réseau :
A# nano /etc/network/interfaces
L’écran d’édition doit proposer quelque chose de ce genre ; il faut modifier les paramètres (en gras) de l’interface réseau primaire (en conservant le nom de l’interface sur votre système, il est possible que ce soit plutôt enp0s3 ou ens32 que eth0) :
# This file describes the network interfaces available on your system
# and how to activate them. For more information, see interfaces(5).
source /etc/network/interfaces.d/*
# The loopback network interface
auto lo
iface lo inet loopback
# The primary network interface
allow-hotplug eth0
iface eth0 inet static
address 192.168.10.1/24
NB : nano est dans ce cas l’éditeur de texte, mais ça peut être un autre, comme vi ou vim.
NB : la configuration de l’interface primaire est précédée de celle de la boucle « loopback » (lo) et de quelques commentaires . Attention aux erreurs de frappe qui « décommentent » par mégarde certaines lignes dans les fichiers de configuration… et plantent l’initialisation correcte du système (une cause fréquente est l’état de cette satanée touche VERR.NUM…)
Après un reboot de la machine, la configuration IPv4 est validée :
Il nous faut paramétrer maintenant les autres machines. D’abord la debianB :
et voilà pour la debianX (après un reboot bien sûr) :
Test de fonctionnement
Une fois tout cela en place, il doit être possible de « pinger » la machine X depuis la machine A :
A# ping 192.168.10.254
Et de « pinger » la machine X depuis la machine B :
B# ping 192.168.11.254
Et enfin de « pinger » les machines A et B depuis la machine X :
X# ping 192.168.10.1
X# ping 192.168.11.1
Cependant, il n’est (normalement) pas possible de pinger la machine B depuis la machine A :
A# ping 192.168.11.1
En effet, la machine debianA ne « connaît » pas ce réseau 192.168.11.0/24, et encore moins le moyen de s’y rendre.
Petit focus sur le voisinage réseau (ARP)
Regardons quelques commandes iproute2 qui permettent de gérer le cache ARP de la machine. En effet, chaque machine disposant d’une pile (stack) IP gère une table d’association [adresse MAC] <> [adresse IP]. Chaque entrée de cette table a par ailleurs une durée de vie limitée. Essayez ces quelques commandes :
A# ping 192.168.10.254
A# ip neigh
A# ip n
A# ip n flush all
A# ip n
A# ping -c 1 192.168.10.254 && watch ip n
Avec la dernière commande, vous pourrez normalement voir l’évolution d’une entrée ARP entre les états DELAY, REACHABLE (atteignable) et STALE (périmé).
On peut aussi créer une association permanente (attention c’est touchy) :
A# ip n add 192.168.10.254 lladdr 08:00:27:83:7C:BB dev eth0
A# ip n flush all
A# ip n
A# ip n del 192.168.10.254 lladdr 08:00:27:83:7C:BB dev eth0
A# ip n
L’usage d’entrées ARP permanentes peut avoir deux raisons :
éviter dans un réseau très dense des requêtes ARP,
empêcher l’ARP « spoofing », où des machines se font passer pour d’autres lors des requêtes ARP.
Mise en place du routage sur la machine debianX
Par défaut, le routage n’est pas activé sur une machine Linux standard, et notamment ici sur la machine debianX. Il faut donc activer le routage IPv4 sur notre machine X :
X# sysctl -w net.ipv4.ip_forward=1
Profitons-en au passage pour désactiver intégralement la gestion de l’IPv6 sur notre machine (quand on n’a pas envie de gérer quelque chose, il vaut mieux le désactiver que de laisser les réglages par défaut) :
X# sysctl -w net.ipv6.conf.all.disable_ipv6=1
Les commandes sysctl permettent de configurer certaines fonctions du noyau Linux. Les deux commandes que nous venons de lancer fonctionnent, mais ne sont pas persistantes. Pour ce faire, il faut modifier le fichier adéquat :
Il est probable que la première existe déjà dans le fichier, mais qu’elle soit commentée (et donc désactivée). Puis on relance la machine X, et on vérifie que le routage IPv4 est activé, et qu’il n’a plus d’adresse IPv6 :
X# reboot
...
X# sysctl net.ipv4.ip_forward
X# ip -c a
Tables de routage
Quelle commande permet d’afficher la table de routage actuelle de chaque machine ?
# ip route
Ce qui doit nous donner, pour chacune des machines A, B, X :
192.168.10.0/24 dev eth0 proto kernel scope link src 192.168.10.1
192.168.11.0/24 dev eth0 proto kernel scope link src 192.168.11.1
192.168.10.0/24 dev eth0 proto kernel scope link src 192.168.10.254
192.168.11.0/24 dev eth1 proto kernel scope link src 192.168.11.254
Lancer l’utilitaire tcpdump sur la machine X afin de visualiser les paquets ICMP qui transitent sur son interface reliée à LAN1 (donc sur l’interface eth0) :
X# tcpdump -i eth0 icmp
Quelle est la commande pour activer un routage IP de la machine A vers la machine B ?
A# ip route add 192.168.11.0/24 via 192.168.10.254 dev eth0
Traduction : pour joindre le réseau 192.168.11.0/24, il faut passer par la passerelle (gateway) 192.168.10.254, via l’interface eth0 (rappel évident : une passerelle doit toujours faire partie d’un réseau auquel je suis directement connecté).
Que donne un ping de A vers B désormais ?
A# ping 192.168.11.1
ça ne fonctionne pas. Si on analyse les résultats affichés sur le tcpdump qui tourne sur X, on devine la cause du problème. Il ne faut pas oublier qu’un ping c’est une demande (request) de A vers B, suivi d’une réponse (reply) de B vers A, pour valider la bonne connexion de niveau 3 (IP). Il manque donc ici le message retour de B vers A, donc la route de B vers A.
Quelles est la commande pour activer un routage IP de la machine B vers la machine A ?
B# ip route add 192.168.10.0/24 via 192.168.11.254 dev eth0
Et c’est la joie dans la place ! la route est en place de bout en bout :
La commande traceroute permet de savoir le chemin emprunté pour joindre la machine distante :
A# traceroute 192.168.11.1
On voit clairement que le paquet est d’abord passé par la machine X, avant de joindre la machine B :
Persistance des routes statiques
Après avoir contemplé la magie du routage IP (ce mécanisme est le fondement de la majorité des échanges sur Internet), nous ne saurions être pleinement satisfait si les routes statiques que nous avons réalisées n’étaient pas persistantes.
Qu’à cela ne tienne.
Nous allons nous rendre dans le répertoire du système prévu justement pour des scripts qui sont exécutés à chaque fois qu’une interface du réseau est « up » :
A# cd /etc/network/if-up.d
Et ajoutons un script pour chaque machine (ici la debianA) :
A# nano route_x
A priori, on l’imagine simplement contenant deux lignes :
Le « shebang » qui indique que c’est un script texte et le shell à utiliser
La commande d’ajout de la route
#!/usr/bin/env bash
ip route add 192.168.11.0/24 via 192.168.10.254 dev eth0
Il ne faut pas oublier de le rendre exécutable :
A# chmod +x route_x
Après redémarrage de la machine, vous pourrez vous rendre compte que ça ne fonctionne pas très bien… Si, si. La route statique existe, sans doute, mais vous aurez aperçu un petit [FAILED] dans la séquence de démarrage, et le service networking est en réalité HS, voyez par vous-même :
# systemctl status networking
En fait, ce script, que l’on voit de-ci de-là comme solution pour une route statique, n’est pas satisfaisant.
D’abord, dans un script, il faut prendre la bonne habitude d’écrire les commandes avec un chemin absolu, et non relatif, comme ici (« ip … »), donc déjà :
#!/usr/bin/env bash
/sbin/ip route add 192.168.11.0/24 via 192.168.10.254 dev eth0
D’autre part, les scripts présents dans if-up.d sont lancés pour chaque interface qui passe UP, ainsi qu’une fois supplémentaire quand toutes sont UP. A chaque fois, la variable $IFACE contiendra le nom de l’interface en question (et aura la valeur « –all » pour le dernier cas).
Notre script sera donc plus correct ainsi :
#!/usr/bin/env bash
if [ "$IFACE" = "eth0" ] ; then
/sbin/ip route add 192.168.11.0/24 via 192.168.10.254 dev eth0
fi
Relancer les machines, et vérifier que cette fois, tout est fonctionnel, sans erreur, paisible et serein.
Est-ce la seule méthode ?
Il existe (au moins) une autre méthode pour créer cette route statique persistante : au lieu de créer un script dans le répertoire if-up.d, on peut insérer la commande de création de la route directement dans le fichier de configuration des interfaces, grâce à la directive post-up :
Par exemple ici pour la machine A (fichier /etc/network/interfaces):
...
allow-hotplug eth0
iface eth0 inet static
address 192.168.10.1/24
post-up /sbin/ip route add 192.168.11.0/24 via 192.168.10.254 dev eth0
Conclusion
Nous avons donc pu au travers d’une maquette simple expérimenter les fondamentaux du routage avec Linux, utiliser quelques outils iproute2 et aborder quelques point importants. J’espère que ce tutoriel vous aura plu.